Monday, Apr 22, 2024
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Injustice climatique et désastre écologique, les deux faces cachées de la perspective de fin du financement des énergies fossiles en Afrique : « Clap de fin, circulez rien à discuter » par Dr  Pape  Mamadou TOURE, Docteur  en régulation pétrolière  internationale et Expert maritime agrée.  

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L’Afrique  va-t-elle payer  l’addition des autres ?  Cela pourrait  être  le titre  d’un mauvais  film de  série B ou  au contraire celui associé à un  film culte des  années  1980,  « chronique d’une  mort  annoncée ».

 Se dirige-t-on vers une  nouvelle  injustice  internationale  issue cette fois du  dictat  financier d’une   transition énergétique  unilatérale et à marche forcée pour  l’Afrique ?

L’Afrique  en dépit  de  son  impact  environnemental  et climatique marginal en raison de  son faible développement, doit-elle  supporter une  charge  majeure  des  contraintes  du réchauffement  climatique ?     

S’agit-il d’un pronostic indifférent aux  bonds de l’industrie des énergies  renouvelables  observés dans divers  pays africains  notamment au Sénégal ?

Faut–il plutôt  une  transition énergétique concertée, à finalité climatique, éthique, solidaire, socialement juste et acceptable ?

Comment  réguler   l’articulation des  rythmes  de  développement inégaux  et  combinés des  pays à l’échelle mondiale ?

En résumé, quelles  sont les  faiblesses de la  nouvelle  stratégie annoncée de  la  transition énergétique mondiale ? 

Quelles  nouvelles  séquences  historiques  et  dynamiques alternatives  d’inversion énergétique stratégique, sont en gestation ?

Comment  combiner  les financements  des  énergies  fossiles  et  des  énergies vertes, dénommées  énergies  propres ?  Energies propres pour qui et  par  rapport  à quoi ?  Quelle  relativité conceptuelle ?            

Comment  l’Afrique  doit-elle  unifier son cadre  législatif et  règlementaire à un niveau continental et  communautaire pour  éviter des  concurrences  ruineuses entre Etats, pour  attirer  les  investissements  directs  étrangers ?

Quels  retours d’expérience, le  Sénégal doit-il retirer  des expériences  pétrolières  de  pays  comme  l’Angola ou le  Nigéria, ce dernier  ayant  plus  de  60  ans  d’expérience  pétrolière ?

Comment  capitaliser  les  succès  des  expériences étrangères  du  « local content » pour  bâtir une stratégie  autonome  et  volontariste  de  valorisation de  la  chaine primaire  de  valeurs  de  l’industrie pétrolière et gazière offshore ?  

Quel bénéfice  direct  pour  l’économie  sénégalaise  tiré du pétrole,  considéré  alors comme  une  bénédiction et  non pas  comme  une  malédiction  ?

Pourrait-on  ainsi résumer les  idées  forces du Président  Macky SALL  contenues  dans  son allocation d’ouverture  du forum MSGBC 2021, qui s’est tenu les  16 et  17 décembre 2021,  réunissant  les  opérateurs  pétroliers et  représentants  officiels des pays du bassin sédimentaire ouest  africain de  la  Mauritanie, du Sénégal, de  la  Gambie, de  la  Guinée Bissau, de  la  Guinée Conakry.

Cette  véritable leçon inaugurale de  SEM  Macky SALL, sur   une  transition climatique  ordonnée et réaliste, prend en compte  la  spécificité  des  besoins  économiques  de  l’Afrique et  de ses  perspectives  de  développement, articulées  à l’exploitation présente et  future des  ressources minières, pétrolières  et  gazières du continent.

Acceptant  l’exigence  d’une  transition climatique dictée par  la  question du réchauffement  climatique  et du fait de ses  conséquences  désastreuses  découlant de  l’augmentation des  températures, de celui des niveaux  des  mers et océans, des nouveaux cycles  de  sècheresses et  des  autres  perturbations météorologiques,  SEM Macky SALL, a  averti les  décideurs  institutionnels et  le  monde  pétrolier, de l’avènement du  risque systémique d’une  injustice  climatique majeure, si d’aventure  la  perspective de  l’arrêt  du financement  public  des  énergies  fossiles, se réalisait  en Afrique.

L’avènement de cette stratégie du chaos organisé, viendrait  mettre  à bas des décennies laborieuses  de développement de  l’industrie  pétrolière  sur  le continent et du reste,  remettrait en cause tout  simplement,  des décennies de croissance, ainsi que  les  acquis  économiques et  sociaux d’un continent, martyrisé par  les  soubresauts  historiques.

Il est indispensable de rappeler ce continuum de souffrances, d’exploitation systémique et brutale, d’échanges  inégaux,  source de l’accumulation historique de  capital  de l’Occident, ayant  présidé  au  démarrage  de la  révolution industrielle européenne, car  à notre  avis, le  sous-développement  chronique de l’Afrique devrait  être  la  mauvaise conscience  de l’Occident et  des humanistes du monde  entier  devrais-je  dire.

Cette  dimension morale  se  conjugue en outre à un risque  environnemental majeur.

Peut-on  imaginer  l’impact environnemental  mondial au plan de la  perte  de  la  biodiversité et de l’accélération du réchauffement  climatique si par extraordinaire, les  forêts tropicales du bassin du Congo  et de l’Amazonie  étaient perdues ?  Ces  poumons  verts  de la  civilisation industrielle  technocratique sont  un capital majeur de  l’humanité et  sources d’enjeux géopolitiques.

Rappelons-nous  de  l’émoi mondial, face  aux  ravages  d’incendies, survenus  en 2019,  de l’Amazonie  brésilienne. Souvenons-nous  de la  réplique  musclée  du Président Jair Bolsonaro, fort  tatillon,  à propos de la  souveraineté  du Brésil  sur  l’Amazonie que  l’on aurait  pu résumer  au slogan «  circuler, rien à voir !  »       

Imaginons  un instant  la  réalisation de l’autre scénario catastrophe, si les  populations  locales du bassin du Congo,   exploitaient massivement  le  combustible  ligneux pour  faire du charbon de  bois, ou  si l’absence de  toute  perspective d’exploitation des  énergies  fossiles, obligeait les  Autorités  Publiques de ces pays,  à l’exploitation maximale de  substitution des massifs  forestiers.   

Ce  serait  alors  la  double  peine  pour  notre  humanité, car  d’une  part,  les  puits  de  carbone  que  représentent ces forêts ne constitueraient   plus, à côté des  océans,  un  cadre complémentaire de  la  régulation  naturelle des  émissions  mondiales  de  gaz  à effet  de  serre  mais  d’autre part, la  disparition du couvert végétal tropical, accélérerait le réchauffement climatique par la  raréfaction de la  pluviométrie, entrainant  un cercle infernal éco-systémique qui auto-entretiendrait  la  fonte  des  glaciers  polaires et l’augmentation des  températures et la perte des puits  de  stockage  des dioxydes de  carbone CO2.En outre  la  fonte  de  la  calotte  glacière  du Groenland  (eaux douces)   provoque une  baisse  de  la salinité de l’Atlantique  Nord devenant moins dense, ce  qui exerce une influence sur les courants marins, notamment du courant  marin d’air chaud, le  Gulf Stream, lesquels sont corrélés  à la température atmosphérique. Cela  entraine une  perturbation du rôle régulateur  des océans sur  la température atmosphérique de la planète.

Nous avons  également présent  à l’esprit, le lien entre  la désertification,  la raréfaction des  pluies  et finalement  les  effets chroniques de  la sécheresse du Sahel dont  l’une  des  manifestations  politiques est la prolifération des  conflits  agro-pastoraux liés à la  perte  des  itinéraires traditionnels  de  pâturage et à la  mutation de  l’économie  traditionnelle  en une  économie  de  contrebande, de  rapine  et de conflits  ethnico-religieux dont  le  point  d’orgue  est  le terrorisme  persistant dans le Sahel.          

Sur  un autre  plan, et en d’autre lieux, la  France  pour  ne  pas  la  citer, imaginons également  le  scénario d’une  sortie  mondiale immédiate, généralisée du nucléaire,  décrétée   par  les Nations  Unies.  Peut-on un seul instant penser  qu’une puissance  mondiale comme la  France  ayant  bâti sa  stratégie  de souveraineté énergétique sur  l’énergie  atomique, accepterait une  telle mesure ? A l’évidence  non ! Une  telle  proposition  serait tout simplement   impossible  à mettre  en œuvre car  le  nucléaire  représentait en 2019,  70,6% du bilan énergétique  de ce pays[2]. C’est  ce  qui lui permet  d’avoir un avantage  énergétique stratégique lui ayant  donné  son rang  industriel mondial et son rôle  de  leader dans  les  négociations  sur le  climat  et  notamment l’élaboration des  accords  de  Paris de  2015 sur  le  climat.   Cet  avantage énergétique  est donc  à l’origine  d’un avantage comparatif, pour  reprendre  la  vieille  théorie  de l’économiste  anglais David Ricardo. C’est  ce  que  comprennent   trop bien des  pays  comme  l’Allemagne, la Chine, les  Etats Unis à propos  du charbon, des  sables  bitumineux,  des pétrole et  gaz  de  schiste.

 Nous  sommes  au cœur de la  géopolitique mondiale et  des  rapports de force internationaux. Ce  qui est  bon pour  les  uns  ne  l’est  pas  pour  les  autres ! Quel risque pour  le  multilatéralisme  s’il n’est  pas  fondé  sur  la  justice, le  réalisme, la  solidarité  entre  les  peuples ?

 L’Afrique n’a  d’autres alternative  de  survie que  la mise  œuvre  d’un  pacte africain de  croissance  et de développement,  fondé  sur  son avantage comparatif  et sur  sa  chaine de  valeurs, reposant sur  ses  matières  premières  et  leur  transformation sur  place, à l’effet  de  capter  un  meilleur différentiel  de  la valeur  ajoutée ou de  la  plus-value, expression de l’analyse économique marxiste. Ainsi, si on raisonne en termes  de  perspectives africaines financières  et  industrielles, on doit  envisager  le  double  scénario lié  d’une  part  à l’exportation des ressources  gazières, pétrolières  et d’autre  part  à leur  utilisation pour  les besoins  propres  des industries  africaines. Il est  en effet  impératif  de  tenir  compte  à la  fois  des  exigences  budgétaires  des  finances  publiques  mais  également de  la  compétitivité  de  la  source énergétique  dans  les  processus d’industrialisation car  nul n’ignore  que l’énergie est un des  facteurs  de production, critique de la  structure  des  prix des biens  manufacturiers. Par  ailleurs la rente pétrolière et gazière crée un phénomène  d’intégration économique des  secteurs  économiques. Si nous prenons  le  cas  du Sénégal, nous  avons  une chaine  d’intégration industrielle  partant  de  l’amont  pétrolier avec  l’industrie  de  l’exploration  en passant  par  le midstream,  assurant  le  transport international du brut pétrolier  et  gazier et aboutissant à  l’aval avec l’ industrie  pétrochimique  du raffinage, créant  une  chaine  de  valeurs associées,  dans les  services  financiers  et  assurantiels. Cette  intégration intersectorielle  primaire  est  relayée  par  une  seconde  chaine  de  valeurs  plurisectorielles  de  l’industrie  maritime, des  chantiers  navals, de  l’industrie pétrochimique, des secteurs  minier,  mécanique, agro-alimentaire et du secteur  agricole. Nous  observons  dès  lors,  un cercle  vertueux  de  croissance, un résultat positif du fameux  tableau de l’économiste  américano – soviétique Wassili  Leontief,  consacré aux  opérations  intersectorielles, dénommées tableau entrées- sorties, poursuivant  les  travaux du  théorème d‘Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS), affirmant que chaque pays exporte les biens qui utilisent intensivement le facteur de production abondant dans le pays. Nous voyons  donc  de  façon empirique, la confirmation dudit théorème  économique, ainsi que   les  bénéfices  de  l’effet  multiplicateur du secteur pétrolier et  gazier  en tant  que  secteur  d’entrainement,  exerçant une  impulsion dynamique  sur l’économie globale et sur la  chaine  de  valeurs. Il faut  néanmoins  garder  présent  à l’esprit,  les  risques  de  surchauffe  économique et inflationnistes  liés  à l’injection massive  de  capitaux dans  la  masse  monétaire locale  afin d’éviter  une  accentuation  du déficit  structurel de  la  balance  des  paiements du fait  d’une  explosion exponentielle des importations  de  produits  manufacturés  étrangers. Ce  phénomène  est  connu sous  l’appellation du syndrome du mal hollandais  résultant  de la  surévaluation  du florin hollandais  dans les  années  1960, ainsi que d’une  désindustrialisation rapide  des Pays Bas, en raison de  la  rente  pétrolière  et  gazière  issue du plus  grand gisement  de gaz  naturel de  Groningue d’Europe  occidentale,  découvert au début des années 1950.  Dans  ce cas  de  figure, la cause  du déclin industriel était  lié à l’augmentation du taux  de  change  du florin hollandais et à la  sous  compétitivité des  exportations  de  ce pays. Ce  même phénomène  s’observe  en France  pour  les  territoires  ultra-marins anciennement  dénommés DOM-TOM (Départements d’outre-mer – Territoires  d’outre-mer)  où la rente prend la forme d’aides et de subventions publiques ainsi que d’une  hausse  importante des salaires des     fonctionnaires, ce  qui provoque   des  effets  inflationnistes, avec  une  baisse  de  pouvoir d’achat  pour  les  travailleurs  indépendants  et  une  augmentation des  coûts  de  production des  entreprises  locales  et  des produits  agricoles, les  rendant  moins  compétitifs. Cette situation économique  fut  aussi enregistrée en Australie où on  a parlé des «effets adverses» du «booming secteur» ayant entrainé selon l’économiste George Gregory, des changements structurels dans l’économie australienne du fait d’un déclin relatif de l’industrie manufacturière traditionnelle, hors industrie extractive.

Citons aussi la situation de la Grande Bretagne avec l’exploitation des gisements de la mer du Nord au début des années 1980 qui s’est également accompagnée d’une vague de fermetures des mines anglaises à l’origine de conflits sociaux très durs sous la période du Premier Ministre Marguerite Tatcher. Bref  le  syndrome  hollandais  se  définit  comme  toutes les perturbations  économiques découlant  d’un afflux  de  liquidités  dans  la  masse  monétaire  conduisant à des  déficits de  balance  de  paiement, inflation, perte  de  compétitivité du fait  des  hausses  salariales.     

Tirant  les  leçons  de ces différentes  expériences à travers  le  monde, les  Autorités  Publiques  sénégalaises  entendent bientôt instituer un cadre légal  de  régulation stratégique  sur  la répartition des  prochaines  recettes  pétrolières  et  gazières de l’Etat du Sénégal, estimées  à 30 milliards  de  dollars  en 30 ans. Ce  partage  de  la  rente sera très  probablement fait entre  les  fonds  des  revenus  des générations  futures et  le budget  public, décliné  en nomenclatures  d’investissement stratégique pour les infrastructures et le fonctionnement  général de l’Etat et des collectivités  territoriales. Dans  une  optique  de   stérilisation de  la  rente pétrolière par  des  placements  prudentiels, certains  spécialistes  préconisent  que  les  rentes  pétrolières  soient  utilisées  à concurrence  des  intérêts  des  placements de ladite rente. C’est une conception financière de  gestion éternelle des  revenus  du capital pétrolier, à la  manière  d’un investisseur  utilisant  uniquement les  dividendes de ses placements. Cette  stratégie  s’apparente  à une  stratégie  à  double détente :

– d’une part, emprunter des capitaux sur les marchés financiers ou dans le cadre d’accords multilatéraux à des taux concessionnels auprès de la communauté des partenaires techniques et financiers ;

– d’autre part, placer les revenus pétroliers et gaziers auprès d’organismes financiers

internationaux crédibles, de  grandes  banques  d’investissement, pouvant assurer à l’Etat, le paiement d’intérêts annuels, qui serviraient au remboursement des échéances d’emprunt.

En outre,  les revenus  pétroliers  pourraient  comporter  en dehors  du volet  social, une  part   allouée  au développement  des énergies  renouvelables et  aux investissements d’industrialisation dans  le  cadre  de  stratégie  d’effet  de  levier par  des co-investissements public privé et par  certaines  acquisitions  industrielles  publiques en formule  LBO ( leverage  buy out).

Le  grand challenge  est  de  résister  à l’effet  d’expansion budgétaire non maîtrisée découlant  d’une  expansion de  la  masse  budgétaire  hors  des  limites de l’équilibre entre le budget général et le  budget d’investissement stratégique, tout  en restreignant  volontairement  les dépenses  publiques non directement productives. Bref ce qui est certain c’est que l’activité pétrolière offshore va être un accélérateur de croissance dans le cadre de la phase II du Plan Sénégal Emergent en permettant à l’Etat de mobiliser plus facilement des ressources internes et en facilitant une transition énergétique articulée  autour du gaz.

En  définitive, mentionnons  que cette stratégie publique  offre un avantage  comparatif au Sénégal, comme indiqué ci-dessus, mais elle  crée surtout  un effet d’accélération  de la  croissance, de rattrapage de la  dotation de  capital d’investissement stratégique et également  un effet multiplicateur  tant au plan macro-économique pour  les  grands agrégats  économiques, que  micro-économique, à l’échelle  des  ménages.

Cette  séquence  historique  est  décisive car  elle  met  en place  le  cadrage stratégique  des  décennies  futures  dépassant la  simple   base  conjoncturelle. C’est un véritable  sacerdoce des  Autorités  publiques, tant  il  leur aurait été tellement plus  simple  de  gérer les  ressources  futures  avec grande  prodigalité et des  frais  dispendieux, pour  acheter  la paix  sociale. Au contraire, elles  vont  volontairement se lier les mains par  des  dispositions  légales contraignantes d’allocation des  prochains revenus pétroliers et  gaziers. C’est ce  pilotage  stratégique  fondamental de  l’économie sénégalaise  qui nous  vaut  sa  grande  résilience actuelle,  comme  l’atteste  aussi bien,  le bon rebond  économique  du pays en période  de Covid 19  et  les  satisfécits récents des  partenaires  au développement comme  le  Fond Monétaire  International. Plus  que  jamais, les  déterminants  du succès  économique du Sénégal sont  sur  orbite, à travers   une  vision économique   stable, affirmée  dans  le  Plan Sénégal Emergent  ainsi que dans la  continuité  de  la  stratégie  de  développement  de notre  potentiel pétrolier et  gazier. Les  instruments du pilotage  stratégique à travers  le  Cos Petrogaz (Comité  d’Orientation Stratégique  pour le  Pétrole  et  le Gaz) et son pendant  opérationnel, le  GES  Petrogaz (Unité d’Exécution et de Gestion du Comité d’Orientation Stratégique du Pétrole et du Gaz), garantissent la  poursuite d’une approche  consensuelle  et inclusive de la gestion  des perspectives  de  développement de  l’amont  pétrolier, auquel se  combine  la régulation de  l’aval pétrolier  à travers la CRSE (Commission de  régulation du secteur  de  l’énergie). 

Ce travail d’engineering institutionnel pétrolier et gazier a jeté  les  bases d’une véritable stratégie  d’intelligence  économique appliquée  au secteur  pétrolier et gazier. L’Etat investisseur  et  providentiel  se  déploie dans  sa  plénitude  d’actions et  de   responsabilité  historique en se  hissant  à la  hauteur des missions  et enjeux que  chaque  époque  exige des  acteurs  stratégiques, tel  le  mouvement dialectique de l’Esprit  que  le  philosophe  Hegel  décrit à propos du mouvement  historique de l’Esprit sortant  des  brumes  vers  la  lumière.  Sans  nul doute, la  phase d’amorçage  du  take  off  de l’économiste américain Walt  Witman Rostow, s’enclenche….. Dans sa  version actuelle, on fait  référence  aux  nouveaux  concepts, d’émergence économique, de  rationalisation des  choix  budgétaires, du nouveau mangement public.

En résumé  peut-on  indiquer  sans  grand  risque  de  se  tromper, que l’accélération de  la  croissance  économique du Sénégal et  sa  résilience  à la  pandémie  Covid 19 sont  tout sauf  le  fruit  du hasard ou  de la conjoncture  économique car  « tout  est  dans  le  mouvement »,  réside dans la  stratégie, la volonté, la  vision, le  courage d’entreprendre  et de  résister, fussent  au prix  de  divergences  clairement  assumées sur  le refus africain d’abandonner  sa  stratégie  autonome du développement  de l’énergie  fossile.

 Le  Sénégal, par  la  voix  de  SEM Macky SALL, donne  le  tempo aux  pays  africains et  sonne  l’indispensable  tocsin du  rassemblement africain…… car plus grands  et  plus difficiles  seront  les  enjeux géopolitiques, plus amers seront  « les raisins  de la  colère », et  meilleures  seront  les  récoltes car  « à vaincre  sans péril, on  triomphe sans  gloire »  !!!   Cette  gloire, le  Sénégal le  devra  à son opiniâtreté, à son intelligence  économique,  à sa performance politique et  institutionnelle  car  rien de grand  ne  se  bâtit dans  l’instantanéité, tout est dans  la  permanence  des processus  et  ces derniers ne  le sont  que  dans la dialectique de transmutation des  phénomènes  économiques et des  stratégies  cohérentes  et  organisée. Ainsi peut –on retenir la  belle citation du philosophe  Anaxagore : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau », faisant  écho à  la  permanence et à la  résilience de  l’Afrique éternelle, une  Afrique  pugnace, indestructible, qui reprend sa marche  historique et  fait face  de  son destin.

Terminons cet article sur  une  note  humoristique  de  Malcom X : « Chicken coming  home  to roost never made  me  sad. It  only made me  glad »   autrement dit, « les  poulets  rentrant au poulailler ( pour  se  faire  rôtir) ne  m’ont  jamais  rendu  triste. Cela m’a toujours  fait plaisir » !!! Je  l’interprète   ainsi : il faut  toujours  voir  le bon côté des  choses  quand des opportunités  se  présentent  et  ne  pas  s’attarder  sur  les  difficultés du moment !!!

Dr Pape  Mamadou TOURE,

Docteur  en régulation internationale  maritime  et pétrolière – Economiste manager  du Commerce  international – Consultant  Oil & Gas – Expert  maritime diplômé et  agréé à l’ONES– Insurance  Risk Manager diplômé – Expert diplômé  en  Analyse  Stratégique Internationale  parcours Géopolitique et Prospective – Expert  diplômé  en Administration Publique parcours diplomatie  et  relations  internationales –  Mandataire  judiciaire  agréé – Arbitre agréé  au Centre  d’Arbitrage de  Médiation et de Conciliation de  Dakar – Juriste  droit des  affaires.

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