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Friday, Nov 15, 2024
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Le Covid-19 va-t-il sonner le glas du pétrole américain ?

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Le pétrole américain est frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Il s’est à peine remis, mardi, d’une chute historique des prix, qui sont passés sous zéro dollar. Il n’y a plus aucune demande pour l’or noir, ce qui pourrait signer l’arrêt de mort du secteur pétrolier américain et remettre en cause la stratégie de “souveraineté énergétique” des États-Unis.

Pour une poignée de dollars. L’or noir américain continuait, mardi 21 avril à midi, à évoluer à des prix historiquement très bas (5 dollars le baril), après une chute vertigineuse de 300 % la veille, qui l’avait propulsé à -36 dollars. 

En clair : dans un contexte de pandémie de Covid-19 qui fait tourner l’économie mondiale au ralenti, “plus personne ne veut du pétrole qui continue à être extrait”, résume Vincent Boy, analyste marché spécialisé dans les matières premières pour la société de courtage IG, contacté par France 24. En effet, pourquoi acheter cet hydrocarbure si les avions restent cloués au sol, et si les raffineries ne raffinent presque plus ?

De leur côté, les vendeurs sont pressés de se débarrasser des surplus, qui s’accumulent, quitte à payer d’éventuels acquéreurs plutôt qu’à devoir régler le loyer d’entrepôts qui deviennent de plus en plus chers, à mesure que les mètres carrés de stockage de pétrole sont durs à trouver. “Il ne reste guère plus qu’en Chine où il y a encore de la place”, précise Vincent Boy.

Producteurs de pétrole américains en sursis

Le prix du baril de brut américain a été le premier à tomber sous la barre des 0 dollars. Le Brent des champs de pétrole en mer du Nord s’échange encore à plus de 20 dollars, mais le cours est aussi en forte baisse et “la tendance suit celle du marché américain”, souligne Vincent Boy.

La spécificité de la dégringolade historique du pétrole américain tient à un détail technique. Les prix concernent du pétrole censé être livré fin mai et, vu les circonstances, “les investisseurs pensent qu’il n’y aura alors plus de capacité de stockage, tandis qu’ils n’anticipent pas de reprise de l’activité à une si courte échéance”, explique l’analyste français. Sur le marché du Brent, les contrats se négocient déjà pour juin ou juillet et, à cette échéance, les professionnels du secteur espèrent un meilleur contexte économique en Chine et, dans une moindre mesure en Europe ou aux États-Unis, ce qui pourrait permettre de redonner un peu de couleurs à l’or noir. C’est d’ailleurs pour cette raison que le prix du pétrole américain livrable en juin se négocie encore aux alentours de 20 dollars.

Mais que le brut américain se vende à 20 dollars ou à – 30 dollars ne fait pas une grande différence pour ceux qui sont concernés au premier chef par cette dérive des prix du baril : les centaines de producteurs de pétrole indépendants américains. La situation inédite d’un tarif négatif ne fait que renforcer la certitude qu’une partie non négligeable d’entre eux ne va pas survivre à cette crise. En effet, “près de 80 % des compagnies pétrolières indépendantes américaines vont faire faillite si le prix du baril reste à 20 dollars ou moins pendant un certain temps”, avait affirmé Scott Sheffield, PDG de Pioneer Natural Resource, l’un des poids lourds du pétrole de schiste américain, devant la Commission texane de régulation de la production de pétrole la semaine dernière. Avec un baril à environ 30 dollars, ces compagnies pétrolières auraient, d’après cet entrepreneur, une chance de rembourser les prêts conséquents, qui leur ont été accordés ces dernières années.

Sans ça, le coronavirus va décimer à très grande vitesse les rangs du secteur pétrolier américain. “Pour certains c’est une question de semaines, tandis que les plus robustes peuvent tenir quelques mois”, estime Vincent Boy.

Pourquoi Donald Trump veut remettre l’Amérique au travail en mai

C’est donc une course contre la montre qui s’annonce pour sauver les quelque 250 000 emplois qui dépendent de ces producteurs indépendants de pétrole aux États-Unis. Ce n’est pas un hasard si le président Donald Trump, qui a fait de la sauvegarde de ces emplois l’une de ses priorités, insiste tant pour remettre l’Amérique au travail dès mai. Tout est une question d’anticipation sur ce marché : si l’économie repart en mai, les investisseurs peuvent parier sur une amélioration de la situation au deuxième trimestre de 2020 et faire repartir très vite les prix du pétrole. Si le confinement reste largement en place dans le pays au delà de mai, “cela devient très difficile d’imaginer un redémarrage de l’économie au deuxième trimestre”, souligne Vincent Boy.

Surtout que Donald Trump ne veut pas sauver le secteur pétrolier américain uniquement pour les beaux yeux des travailleurs. C’est aussi une question de choix géostratégique : les États-Unis ont fortement investi dans la production nationale de pétrole depuis des années pour réduire leur dépendance aux importations d’hydrocarbures au nom de la “souveraineté énergétique”. 

Ils ont réussi, grâce au boom du pétrole de schiste, à devenir le premier producteur mondial d’or noir, ce qui leur a permis d’avoir une voix qui porte à la table des grandes puissances pétrolières aux côtés de l’Arabie saoudite ou encore de la Russie. Une stratégie de longue haleine qui risque maintenant d’être remise en cause en raison d’un virus. “Cette crise risque clairement de changer le rapport de force en faveur des pays de l’Opep”, reconnaît Vincent Boy.

Réduire toujours plus la production mondiale

Pour autant, cette baisse spectaculaire des prix du brut ne fait pas non plus les affaires du cartel historique des pays producteurs de pétrole. Un baril en dessous de 20 dollars met une pression financière très forte sur tous les pays qui, comme l’Arabie saoudite ou la Russie, dépendent fortement de leurs exportations d’hydrocarbures. Pour Riyad, ce manque à gagner risque de ralentir les projets d’investissement destinés à diversifier son économie pour la rendre moins petro-dépendante.

Le royaume wahhabite a conscience du risque. Après avoir joué avec le feu au début de la pandémie en décidant unilatéralement de baisser le prix de son pétrole, accentuant ainsi la tendance qui était déjà à la baisse, l’Arabie saoudite a négocié avec la Russie, la semaine dernière, une réduction historique de la production mondiale de pétrole. L’Opep et Moscou ont ainsi décidé de la baisser de 20 millions de barils par jour pendant deux mois dans l’espoir de faire repartir les prix à la hausse.

Cette baisse est en effet loin d’être suffisante car la demande mondiale devrait chuter d’environ 30 millions de barils par jour jusqu’au deuxième trimestre, d’après les anticipations de l’Agence internationale de l’énergie. Les pays producteurs devraient donc faire encore un effort, mais Vincent Boy estime qu’un tel accord est peu crédible car “il y a trop d’intérêts divergents sur cette question”. Entre l’Arabie saoudite qui est prête à jouer la carte d’un pétrole très peu cher pour grignoter des parts de marché, les États-Unis qui ne peuvent absolument pas se le permettre ou encore la Russie qui se situe quelque part entre les deux, il va être difficile de trouver un terrain d’entente. 

Ce qui laisse Donald Trump face à un choix cornélien. Il peut insister pour redémarrer l’économie en mai dans l’espoir de sauver son secteur pétrolier, au risque de favoriser une propagation du virus qui entraînerait une hausse du nombre de décès. Ou alors se laisser convaincre par les scientifiques et maintenir le statu quo sanitaire, entraînant une probable hécatombe parmi les groupes pétroliers, là où le président compte certains de ses plus riches soutiens politiques.

Source: france24.com

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La rédaction de senpetrogaz est spécialisée dans le secteur des hydrocarbures

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