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Saturday, Apr 20, 2024
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Tout comprendre sur le projet champ gazier Grand Tortue

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Depuis sa découverte, le champ gazier Grand Tortue dont l’accord d’achat et de vente du gaz a été signé, mardi à Dakar, entre la Mauritanie et le Sénégal fait l’objet de plusieurs spéculations. Senpetrogaz.sn vous explique, avec un document du ministère sénégalais du Pétrole et des Energies à l’appui, les tenants et les aboutissants de ce projet.

Quelle est la différence entre le gaz naturel et le GNL ?

La seule différence entre le gaz naturel et le GNL est la liquéfaction. La liquéfaction consiste à faire passer un corps de l’état gazeux à l’état liquide. Pour cela, le gaz naturel est refroidi à une température avoisinant les – 160°C.

Quelle est la différence entre le Gaz Naturel et le gaz butane (utilisé dans nos foyers) ?

Le pétrole, le gaz naturel, l’essence, le gasoil, le gaz butane, le goudron etc. sont tous des hydrocarbures, c’est-à-dire des composés constitués d’atomes de carbone et d’hydrogène.

La seule différence se situe au niveau du nombre d’atomes de carbone et d’hydrogène qu’ils comportent. Leurs compositions font qu’ils ont, par conséquent, des caractéristiques qui diffèrent d’un produit à un autre. 

C’est ce qui explique que, que dans les conditions normales, le pétrole est à l’état liquide, le gaz naturel à l’état gazeux et le goudron lui est à l’état solide. 

Le gaz naturel est principalement constitué de méthane, c’est-à-dire de molécules avec un atome de carbone. Quant au gaz butane, utilisé dans nos foyers, il est constitué de 4 molécules de carbone.

Ainsi, si ce dernier peut facilement être mis en bouteille et utilisé dans nos foyers, le gaz naturel lui, est un produit difficilement stockable et transportable, d’où la nécessité de le liquéfier pour l’exporter.

Pourquoi ce gaz est-il liquéfié ? Pourquoi le gaz n’est-il pas utilisé au Sénégal ? Pourquoi l’exporter ?

Pour comprendre pourquoi le gaz est liquéfié, il faut d’abord comprendre le fonctionnement du marché du gaz et de son utilisation.

Comme pour tout produit consommable, un des éléments clé du commerce de ce produit est sa mise à disposition chez les consommateurs finaux (transport et stockage). Par exemple, les produits pétroliers sont soit stockés dans des bacs soit transportés via des bateaux, des camions citernes etc. ; le gaz butane est quant à lui mis sous-pression et mis dans des bouteilles permettant de le stocker et de le transporter vers les consommateurs.

Contrairement à ces produits (le pétrole étant liquide est facilement transportable) ; le gaz butane ou GPL est lui aussi facilement stockable et transportable du fait de ses caractéristiques techniques, (le gaz butane se liquéfie facilement à faible pression donnant la possibilité d’être facilement mis en bouteille) ; le gaz naturel a quant à lui des caractéristiques qui font qu’il est difficilement transportable ou stockable.

Du fait de ces contraintes, pour pouvoir utiliser le gaz naturel, un nombre important d’infrastructure est requis, notamment un réseau de pipeline.

Ceci est la raison pour laquelle, les consommateurs du gaz naturel sont en général des pays disposant de ces infrastructures.

Étant difficilement utilisable dans le contexte actuel de notre pays (du fait du niveau d’investissement nécessaire en infrastructures (compter 1 million de dollars par km de pipeline), il a été choisi l’option de monétiser ce gaz sur le marché international.

Cependant, pour pouvoir le monétiser, il est important de pouvoir le transporter vers les pays consommateurs. L’option le plus optimal pour transporter ce gaz vers des destinations lointaines est la liquéfaction. Grace à la liquéfaction, il est possible de réduire le gaz de 600 fois son volume et de pouvoir le transporter via des navires. 

En plus de la partie liquéfiée, une quantité déterminée du gaz produit sera réservée, dès le début de la production au marché local. Elle sera utilisée par le Sénégal pour alimenter une centrale électrique d’une puissance d’environ 250 MW destinée aux consommateurs sénégalais.

Pourquoi ne pas attendre d’avoir les investissements nécessaires avant de commencer la production ?

Il y a plusieurs raisons à cela :

–      La première est que le Sénégal, ayant découvert des ressources, a tout intérêt à les valoriser pour en tirer des revenus qui seront nécessaires pour l’investissement dans les autres secteurs de l’économie ;

–      Les investissements nécessaires (pipelines, centrales électriques au gaz, etc.) sont lourds et nécessiteront un certain temps pour être réalisés.

Ainsi vouloir attendre leurs réalisations signifierait mettre en standby les projets pétroliers pour une longue durée. Ce qui n’est :

o   ni conforme aux termes contractuels qui lient l’Etat aux Compagnies : même si la priorité est donnée au besoin local, il n’est pas admis de bloquer les projets pour attendre des infrastructures ;

o   ni dans l’intérêt du Sénégal ;

o   ni dans celui des compagnies pétroliers, qui en tant qu’investisseurs, décideraient tout bonnement d’allouer leurs investissements à d’autres pays avec son corollaire de dégradation de l’image du pays vis-à-vis des investisseurs du monde entier.

Au fur et à mesure de l’évolution du marché local, la part de gaz naturel qui y est affectée pourra augmenter car les ressources disponibles sont suffisantes aussi bien pour l’exportation que pour satisfaire notre besoin local dans le futur. 

Pourquoi conclure un contrat d’achat et de vente de gaz, maintenant, alors que la production ne démarre qu’en 2022 ?

Contrairement au pétrole brut ou aux produits pétroliers, le GNL n’est pas encore un produit de commodité. Il n’existe pas pour le moment un marché liquide mondiale pour le GNL malgré les évolutions observées ces 10 dernières années.

Comme tout produit vendu sur un marché très peu liquide, et qui nécessite de lourds investissements pour la production, il est important de trouver d’abord un marché (acheteur) avant de se lancer dans la production.

En effet, un des éléments clés de tout commerce est la capacité à écouler ses stocks et avoir un rapide retour sur investissement.

L’exemple simple ici au Sénégal pourrait être le menuisier. Du fait de la spécificité de son métier, très souvent, avant d’investir sur un achat de bois pour fabriquer ses œuvres, ce dernier a très souvent tendance à attendre de recevoir une commande ferme d’un client.

De plus, le gaz naturel, étant un produit difficilement stockable (il est stocké soit dans des cavités sous-terraines (assez rare), soit dans des bacs cryogéniques, très couteux, après avoir été liquéfié), il est important dans cette industrie d’être capable de pouvoir écouler son produit le plus rapidement possible voire même avant production.

A titre d’information, en plus des lourds investissements nécessaires pour stocker le gaz, il existe aussi un risque important de perte de produit pouvant aller jusqu’à 0,15% par jour du volume stocké (en stockant le gaz dans des bacs cryogéniques ou dans des navires).

Un autre exemple ici pourrait être la production de coton. En effet, nos parents et amis producteurs de coton connaissent parfaitement ce procédé, parce que justement la production de coton de l’année à venir, est déjà vendue sur le marché international, avant même que l’hivernage ne démarre, sur la base des intentions de culture manifestées (emblavures envisagées) par les producteurs, en relation avec les sociétés cotonnières.

Ceci est la raison pour laquelle, pour le projet GTA, un potentiel acheteur a été identifié avant la prise de la Décision Finale d’Investissement pour la phase 1 du projet GTA (pour laquelle un investissement d’environ 5 milliards de dollars américains aura été nécessaire).


Il est important de rappeler que l’acheteur a été choisi sur la base d’un processus d’appel d’offres international.

En se référant au planning standard d’exécution des travaux d’un projet type de GNL réalisé par Power Africa, nous pouvons constater l’importance de définir les conditions de vente du GNL avant toute signature de Décision Finale d’Investissement (FID).

A titre d’information, historiquement, le GNL était vendu sur la base de contrat d’achat et de vente d’une durée de 20 à 25 ans. Aujourd’hui, environ 70% du GNL est vendu via des contrats moyen et long terme. Seule 30% du GNL est vendu sur un marché spot ou court terme (moins de 4 ans).

Pour les phases futures de GTA et les futurs projets (Yakaar – Teranga), le gaz va-t-il continuer à être exporté ?

Même si une partie du gaz continuera à être exporté comme GNL, le Sénégal pourra utiliser son gaz pour d’autres fins notamment, la production d’électricité avec la stratégie Gas to Power ou la pétrochimie, la production d’engrais etc.

D’ailleurs ceci est l’une des raisons pour lesquelles le Sénégal a renforcé son cadre juridique avec récemment l’adoption du Code gazier.

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La rédaction de senpetrogaz est spécialisée dans le secteur des hydrocarbures

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