Entretien avec un spécialiste
Votre site a rencontré Monsieur Mara Gning, un Technicien supérieur dans l’exploration des hydrocarbures, qui travaille au Gabon, actuellement en vacance au Sénégal.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je me nomme Mara Gningue, j’ai 36 ans. Je suis né au Sénégal, pays que j’ai quitté à l’âge de 12 ans pour la France. J’y ai donc passé mon adolescence. Lorsque j’ai eu 18 ans, je suis entrée dans la vie active car je savais que j’étais un homme de terrain et que je voulais apprendre auprès de métiers techniques. J’ai donc commencé par exercer le métier de matelot pendant 9 ans, c’était un métier très difficile où j’ai notamment appris ce qu’était la solidarité et l’éloignement de la famille.
En 2010, tout est parti d’une discussion avec un ami qui m’a parlé des métiers du forage ainsi que de ses opportunités. J’ai donc cherché à me faire financer une formation. Ma première expérience était dans le forage en bâtiment mais j’ai continué à postuler dans des compagnies de forage jusqu’au jour où j’ai reçu un appel de la société COFOR me proposant un poste d’accrocheur.
Pendant 3 ans, j’ai acquis une base solide dans ce milieu et dans le même temps j’ai pu continuer à me former dans ce domaine car mes ambitions étaient de travailler à l’étranger (plus précisément en Afrique) au vu des opportunités.
En 2013, CAROIL DRILLING DIVISION au Gabon m’a contacté pour que je vienne rejoindre leurs équipes sur place où j’ai travaillé en tant qu’Assistant Driller (Superviseur) jusqu’en 2015.
Ensuite, la crise pétrolière de 2015 m’a contraint de revenir en France où j’ai travaillé pour le compte de la société SMP DRILLING. J’ai pu effectuer quelques rotations au Danemark pour un puis d’exploration de gaz pour le compte de TOTAL Danemark.
A la reprise des activités, j’ai été recontacté par CAROIL DRILLING DIVISION pour revenir au Gabon en tant que Driller jusqu’en 2017. Depuis lors et jusqu’à ce jour, je travaille chez PETROFOR DRILLING GABON où je supervise une équipe de 12 personnes ainsi que des activités de forage d’exploitation jusqu’à la production.
Comment est-ce que vous entrez dans le secteur des hydrocarbures ?
Comme indiqué un peu plus haut dans ma présentation, je suis arrivé dans le secteur des hydrocarbures par le biais d’un ami qui m’a longuement parlé des métiers, des avantages et des opportunités afférentes. Le reste fut que labeur, où j’ai vacillé entre formations et expériences professionnelles dans le but d’acquérir un savoir-faire de qualité.
Pourquoi le choix du Gabon ?
Vous savez le Gabon est un pays où le pétrole est exploité depuis plusieurs années donc les activités et les opportunités y sont nombreuses. Beaucoup de grandes compagnies y sont implantées et je dois admettre que lorsque vous indiquez sur votre CV avoir travaillé au Gabon, vous êtes plus facilement contacté par les employeurs. Le Gabon étant un pays de référence en matière d’hydrocarbures.
Parlez-nous un peu de la situation des hydrocarbures dans ce pays ?
Les affaires y sont nombreuses tout comme les expatriés. Malheureusement, la population gabonaise n’est pas très impliquée dans ce domaine peut-être par manque d’implication, je pense. Vous y trouverez donc beaucoup de personnels étrangers à tout niveau de poste de responsabilité.
Comptez-vous revenir travailler pour le Sénégal avec les nouvelles découvertes de pétrole et de gaz ?
En tant que sénégalais, ma fierté serai de venir transmettre mes connaissances pour servir mon pays. Aussi, je viens de créer une entreprise nommée SOGS qui a pour vocation à recruter, former et accompagner la population sénégalaise dans ce domaine que je connais très bien et que je côtoie encore. Il faut des ingénieurs mais aussi surtout des techniciens à qui on va donner l’envie d’apprendre et que l’on va accompagner dans une carrière professionnelle. Le but étant aussi de créer des emplois directs comme indirects.
Etes-vous au courant de la nouvelle loi sur le contenu local ?
Effectivement, j’ai lu des articles mais aussi des textes de lois qui ont été rédigés par le législateur sénégalais et je dois admettre que je suis plus qu’heureux de voir que le pays est très formel sur le fait que la population doit aussi bénéficier des opportunités de ce nouveau secteur d’activité.
Le local content est expérimenté dans plusieurs autres pays africains, il me semble intéressant d’en voir et d’en apprécier les retombées notamment en termes de lutte contre la pauvreté ou de développement durable. La transparence sera donc de rigueur afin de rassurer les différents acteurs du pays que les ressources naturelles ne profiteront pas exclusivement aux étrangers. Je tiens à m’y impliquer également avec la SOGS.
Les entreprises sénégalaises déjà en place ou à venir doivent pouvoir saisir les opportunités du secteur.
Vos conseils et suggestions pour une meilleure gestion des découvertes de pétrole au Sénégal ?
Je n’ai pas peur de dire que chaque acteur intervenant dans ce secteur doit être responsable de la maîtrise des ressources naturelles du pays afin de pouvoir faire bénéficier à la jeunesse sénégalaise les retombées financières qui viendront. C’est pour cela que je voudrai vraiment insister sur le fait que les sénégalais doivent être sensibilisés, formés et impliqués à tous points de vue et dans tous niveaux dans ce secteur au risque de voir d’autres personnes qualifiées venir travailler dans le pays.
Pour que tous puissent bénéficier de ce nouveau secteur, il me semble obligatoire que la cohésion prime. Il y a tant de choses à faire dès à présent mais aussi dans les prochaines années et, en ce qui me concerne, ce seront l’unicité, la formation du personnel et l’accompagnement sur le terrain qui participeront considérablement à la réussite de la bonne gouvernance du secteur pétrolier et gazier.
Je m’engage à la sensibilisation, au recrutement, à la formation et à l’accompagnement des futurs techniciens via la SOGS. Le démarrage est prévu pour 2021, il faut donc s’y mettre dès maintenant.
Votre dernier mot ?
Je suis très optimiste quant à ce nouveau secteur mais aussi par rapport à tout ce qui se met en place aujourd’hui dans le pays. Le Sénégal présente un potentiel non négligeable dans bons nombre de secteurs d’activité. J’ai toujours suivi de loin le développement de mon pays et je sais que la route sera belle et fructueuse. Il n’y a plus qu’à se retrousser les manches et à travailler !
Je vous remercie de l’invitation et vous félicite l’initiative en mettant en place cette plateforme permettant un accès facile aux informations sur le secteur des hydrocarbures au Sénégal et dans le monde. Je vous souhaite plein succès.